La santé mentale, c’est l’affaire de tous
La santé mentale est une partie essentielle de notre bien-être. Elle influence nos pensées, nos émotions, nos comportements et notre façon de vivre au quotidien. Ce guide inspiré de notre SantéBD explique, pas à pas, ce qu’est la santé mentale, comment en prendre soin et quand demander de l’aide.
La santé mentale, c’est quoi ?
C’est la façon dont on se sent dans sa tête. C’est avoir le moral, se sentir équilibré, pouvoir affronter les hauts et les bas de la vie. C’est un équilibre influencé par de nombreux facteurs : notre environnement, nos relations, nos conditions de vie et de travail, notre santé physique, notre histoire personnelle.
Comment est-elle définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ?
Comme un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». Composante essentielle de la santé, elle représente bien plus que l’absence de troubles psychiques (schizophrénie, bipolarité, dépression…).
Pourquoi est-ce un enjeu majeur de santé publique ?
En France, les troubles de santé mentale représentent une part importante des dépenses de santé et sont une cause majeure d’absentéisme au travail. Ils peuvent être passagers, légers, mais aussi chroniques et invalidants.
Depuis la pandémie de COVID-19, de nombreuses personnes ont ressenti une augmentation du stress, de l’anxiété ou de la dépression. Les mesures sanitaires, l’isolement et les difficultés économiques ont mis à l’épreuve l’équilibre mental de la population. Certains sont encore présents avec la montée en puissance de l’épuisement professionnel, du harcèlement scolaire, de l’éco-anxiété liée aux enjeux environnementaux…
Véritable enjeu de santé publique, la santé mentale est déclarée grande cause nationale en France en 2025.
Comment la santé mentale influence-t-elle notre quotidien ?
Elle agit sur :
- Nos émotions : joie, tristesse, détresse…
- Notre énergie : vitalité, fatigue, somnolence…
- Notre motivation : envie ou non de faire des activités
Parce que la santé mentale fait partie de la santé en général, le médecin ne se contente pas de prendre en charge les troubles physiques, il peut également apporter une aide précieuse sur tous les aspects psychiques et être amené à questionner son patient sur ses états d’âme.
Santés mentale et physique vont-elles de pair ?
Même si on est en bonne santé physique, on peut traverser une période de mal-être psychologique, et inversement. Mais on observe que les deux sont souvent liés : un trouble dans un domaine peut influencer l’autre.
- La dépression augmente le risque de maladies cardiovasculaires.
- Le stress chronique peut aggraver des maladies comme le diabète ou les douleurs chroniques.
- Une bonne santé mentale favorise la récupération après une maladie physique.
Heureusement, rien n’est immuable et la santé mentale varie tout au long de la vie. Elle peut s’améliorer ou se fragiliser en fonction des événements vécus, heureux ou difficiles.
On peut retrouver un meilleur équilibre avec du temps, du soutien et parfois l’accompagnement d’un professionnel (médecin, psychologue, psychiatre…).
Cela concerne-t-il aussi les enfants ?
Oui. Les premières années sont déterminantes pour le développement émotionnel et social. Elles influencent les apprentissages et la capacité à s’adapter à l’âge adulte.
C’est pourquoi Santé publique France a lancé un programme prioritaire et une enquête nationale sur la santé mentale des jeunes enfants, afin de mieux comprendre leurs besoins et les accompagner.
Comment prendre soin de sa santé mentale ?
Pour se sentir bien dans sa vie, il convient de faire des choses qui nous apportent du plaisir.
- Faire une activité physique régulière et accéder à la nature.
- Pratiquer un loisir créatif ou manuel (peinture, cuisine, jardinage…).
- Passer du temps avec ses proches.
- Manger équilibré et dormir suffisamment.
- S’engager dans une activité associative ou communautaire pour nourrir le sentiment d’utilité.
Comment reconnaître une bonne santé mentale ?
D’une manière générale, une personne avec une santé mentale stable :
- Travaille ou étudie sans que cela ne soit une contrainte.
- Entretient des liens sociaux.
- Se sent bien même lorsqu’elle est parfois seule.
- Continue à passer de bons moments même après une contrariété.
- Trouve des solutions aux problèmes du quotidien.
Face à certains obstacles (relationnels, professionnels, d’argent…), la personne peut ressentir de la colère, de la tristesse ou de l’inquiétude mais elle reste malgré tout capable gérer ses émotions.
Quels sont les signes d’une santé mentale fragilisée ?
Elle peut se manifester par des comportements ou pensées suivantes :
- Une perte d’envie ou d’énergie (ne plus avoir envie de sortir).
- L’absence de plaisir à pratiquer des activités pourtant appréciées.
- Des pensées négatives persistantes (« je suis nul », « je ne sers à rien », « je ne m’aime pas »).
- Une baisse de l’hygiène de vie (dormir avec difficultés et se lever tard, manger trop ou pas assez, n’avoir plus envie de se laver, sommeil perturbé…).
- Une réduction des contacts sociaux.
- Une montée de l’anxiété ou des crises d’angoisse.
- Des comportements exagérés : émotions très intenses ou au contraire des difficultés à les ressentir, changements d’humeur fréquents, agitation dans les paroles et les gestes…
- Une consommation excessive d’alcool ou de drogues ou du temps passé devant les écrans.
Ces signes peuvent durer quelques jours sans gravité mais, s’ils persistent, ils nécessitent une attention particulière.
Qu’est-ce que la détresse psychologique ?
C’est un état de mal-être provoqué par un événement difficile (deuil, rupture, échec scolaire, problème professionnel…). Elle se traduit souvent par de l’anxiété ou de la tristesse.
Souvent temporaire, cette déprime passagère est une réaction normale aux difficultés. Toutefois, mal repérée ou mal accompagnée, elle peut faire basculer la personne dans une maladie ou multiplier les difficultés sociales (harcèlement, violence subie, exclusion…). Si elle devient intense et dure longtemps, elle peut conduire à un trouble psychique (dépression) nécessitant une aide spécialisée.
Quels sont les signes d’alerte de la dépression ?
Les signes qui doivent alerter incluent :
- Tristesse quasi permanente
- Perte de plaisir ou d’intérêt.
- Perte d’appétit ou prise de poids importante.
- Insomnie ou sommeil excessif.
- Refus de tout contact social.
- Anxiété intense (difficultés à respirer, oppression, palpitations, vertiges).
- Sentiment de persécution, croyances infondées parfois proches de la paranoïa, hallucinations auditives ou visuelles qui peuvent être très fréquentes, angoissantes et douloureuses.
Dans les cas les plus graves, des idées suicidaires peuvent apparaître. C’est une urgence qui nécessite une aide immédiate.
Quel est le rôle du psychiatre ?
Le psychiatre est un médecin spécialisé en psychiatrie et, contrairement au psychologue, ses consultations sont remboursées par l’Assurance maladie (parfois, il peut appliquer des dépassements). Il est spécialement formé à établir un diagnostic psychiatrique et à prescrire des médicaments dont les psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, somnifères, etc.). Les soins peuvent aussi passer par la parole et l’écoute.
Comment se faire aider ?
La première étape est d’en parler : à son médecin, à un psychologue, à un proche de confiance qui s’inquiète souvent à raison.
Il existe également de nombreuses lignes d’écoute, qui permettent d’être aidé à distance :
- Numéro national de prévention du suicide : 31 14 (24h/24, 7j/7, appel gratuit). Accessible aux personnes sourdes, malentendantes, aphasiques ou dysphasiques en visiophonie (LSF), tchat, SMS ou fax
- SOS Amitiés : 09 72 39 40 50 (écoute anonyme et gratuite, de 13h à 3h du matin)
- SOS Suicide Phénix : 01 40 44 46 45 (7j/7, écoute anonyme et gratuite)
- Suicide Écoute : 01 45 39 40 00
- Phare Enfants-Parents : 01 43 46 00 62 (du lundi au vendredi de 10h à 17h). Soutien et écoute pour les parents, enfants et ado confrontés à la souffrance psychique ou à des situations de harcèlement, ainsi qu’aux familles endeuillées par suicide.
- Fil Santé Jeunes : 0 800 235 236 pour les moins de 25 ans (24h/24, appel gratuit).
- Ligne Azur : 08 1006 1006 (0,06 €/ min), pour les personnes LGBT+ en difficulté.
Des campagnes nationales comme « En parler, c’est déjà se soigner » (2021) visent à sensibiliser et orienter vers ces ressources. Un volet digital #JenParleA pour libérer la parole des ados et les inciter à consulter l’aide à distance Fil Santé Jeunes a complété le dispositif.
Qu’est-ce que Mon soutien psy, des consultations gratuites ?
Depuis 2021, la France a mis en place un dispositif appelé Mon soutien psy. Il permet à toute personne, dès 3 ans, qui se sent angoissée, déprimée ou éprouve un mal-être, de bénéficier jusqu’à 12 séances par an avec un psychologue, prises en charge par l’Assurance maladie. Ces séances sont gratuites pour le patient : il n’a rien à avancer.
Il n’est plus indispensable d’être adressé par un médecin (généraliste ou psychiatre). Le patient peut prendre directement rendez-vous avec un psychologue partenaire du dispositif, inscrit sur la liste officielle consultable sur https://monsoutienpsy.ameli.fr/recherche-psychologue.
Pourquoi demander de l’aide tôt ?
Plus la prise en charge est rapide, plus il est facile de retrouver un bon équilibre. Cette approche globale peut passer par une psychothérapie, un accompagnement social, une réhabilitation psychosociale, une activité physique adaptée, la relaxation, la méditation de pleine conscience. L’implication de l’entourage dans le parcours de soins est nécessaire.
Attendre trop longtemps peut aggraver la détresse et entraîner des impacts majeurs : un isolement social, une perte d’emploi ou une détérioration de la santé physique qui peut engendrer un décès prématuré.
Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse mais un acte de courage et de prévention.
Ce support a été conçu grâce à l’expertise du Dr Floriane BASS, psychiatre au Centre Psychothérapique de Nancy (CPN), Sophie ROUSCHMEYER et Aurélie STRESCHER du CHREPSY Grand Est, Estelle ROBLIN et Jules MANTION de l’ARSEA. Il a été réalisé grâce au soutien du Régime Local d’Assurance Maladie Alsace-Moselle.
Cette BD a été relue et validée par le bureau FALC de l’ESAT de Castelnau le Lez.
Pour en savoir plus, lire nos SantéBD :
Cet article a été validé par Dr Floriane BASS, psychiatre au Centre Psychothérapique de Nancy (CPN), en septembre 2025.